par Aristilde Deslande
Lundi 2 avril 2018 ((rezonodwes.com))– Disparu depuis le 14 mars, le photojournaliste Vladjimir Leganeur semble mettre à nu la réalité de Grand-Ravine.
La police, vingt jours plus tard, ne peut fournir aucune explication à cette disparition. Le pouvoir judiciaire ne dit pas grand chose via le commissaire du gouvernement. La presse en peine, craint un éventuel deuil. Sur les médias sociaux, des flux énormes d’information décrivant Grand-Ravine facilitent au monde entier la visite virtuelle de ce quartier qui selon une simple conclusion de n’importe qui, est signé « zone rouge ».
Depuis le 13 novembre 2017, date des événements survenus au collège Maranatha dont le directeur était mis en garde à vue pour complicité, jusqu’au 14 mars dernier, le silence s’était fait sur Grand-Ravine. Vladjimir Legagneur journaliste « free lance » vient de nous livrer à nu l’un des quartiers de la capitale qui est réputé pour être une zone de non-droit.
Il devait prendre des photos pour enrichir son archive et les publier au moment opportun dit Fleurette Guerrier Legagneur, femme du disparu. En guise de prise de vue, c’est le spot-light que celui-ci à mis sur la zone.
Seul un petit nombre restreint de gens était au courant qu’avant d’aller dans ce quartier il fallait s’annoncer et trouver l’approbation d’un chef de gang. État de Droit!
Maintenant ceci se sait, qui que vous soyez, il vous faut la carte blanche d’une certaine autorité. Humm! Sans l’approbation de ce tout puissant, vous risquez presqu’à cent pour cent de ne pas sortir vivant de ces lieux car vous serez qualifié d’agent secret. Ce n`est donc pas uniquement avec la république voisine que nous avons des frontières. Voilà!
Tout le monde n’était pas au courant que le Mont Sion, cette montagne que les religieux de ce quartier grimpent quotidiennement jusqu’au sommet pour se rapprocher du ciel et parler au Bon Dieu, était en aval un cimetière dont des ossements étaient éparpillés partout sur le sol. Mystère! Maintenant ceci se sait. Le pire dans tout cela, on doute fort que la police pourrait identifier qui étaient ces gens. Désolation!
Tout le monde ne connaissait pas le nom de certains chefs de gang de Grand-Ravine, maintenant c’est facile de le savoir. Internet! D’autant plus ils accordent des interviews à presque toutes les stations de radio. Visibilité! À entendre parler ces bandits, il faut comprendre qu’ils sont dotés d’une certaine intelligence leur permettant de trouver une certaine légitimité . Intelligent!
Il faut comprendre aussi que la dictature n’a pas totalement disparu en Haiti. Dictature des bandits! La dialectique des armes est leur point fort. Machiavel! D’ailleurs qui leur fournit armes et munitions? Interrogation!
Tout le monde ne voyait pas la misère de ce quartier avant, maintenant oui. Fatalité! Les gens semblent entreprendre une lutte avec la vie en voulant joindre des droites parallèles. Impossibilité! Sur le visage des jeunes, on peut lire aisément héroïsme et difficilement espoir, à cause de la souillure faite par la rature des circonstances. Réflexion!
Qu’y-a-t’il de bon à Grand-Ravine pour ces habitants? Chaos!
Tout le monde sait maintenant des choses que peu connaissait avant. Connaissance! L’homme à la tête du pays le plus puissant au monde avait dit un jour que nous ne sommes qu’un “trou de…”. La disparition de Vladjimir Legagneur qui s’est convertie en un grand reportage ferait-il penser autrement ce grand chef d’État? Que devrait faire la population de Grand-Ravine pour sauver sa face et prouver qu’il n’y a pas que ce qu’on voit chez eux?
Tout le monde sait que la famille, les amis, les collègues du journaliste passent la fête de Pâques dans la tristesse. Avec la magie de la technologie, c’est facile de faire circuler l’information. Ce n’était pas la bonne circonstance pour se vendre internationalement. La presse, nationale ou internationale se sent affligée, et ceci tout le monde le lit, le voit, l’écoute et le comprend.
“Grand-Ravine à nu” ce n’est pas un reportage écrit par le disparu. Les photos et les vidéos qu’on voit de ce quartier, ainsi que tous les commentaires ne sont pas de Vladjimir. Jusqu’á date, c’est sa disparition qui nous fait un grand reportage de ce lieu vulnérable. Serait-ce un reportage au prix de sa peau? Serait-ce son dernier reportage?
Personne ne le sait. Mais, le fait certain, c’est qu’un journaliste même dans le silence continue à faire son travail, il informe.
Aristilde Deslande